Medellín et Guatapé, Colombie

Après ces quelques jours dans un cadre bucolique, il est temps d’attaquer un gros morceau de la Colombie : Medellín ! Anciennement (et toujours) connue comme étant LA ville de Pablo Escobar et de son cartel, elle a pourtant énormément évolué ces dernières années et s’est beaucoup modernisée.

Je profite de la matinée pour me reposer de la randonnée à la Cueva del Esplendor et pars en début d’après-midi pour 3h30 bus. Ayant retenu la leçon de Bogotá, où par économie, je m’étais logé dans un quartier mal famé, je réserve un logement dans un quartier résidentiel plutôt chic (El Velódromo), à quelques centaines de mètres du métro ce qui facilitera mes déplacements.

D’ailleurs, ce métro mérite une petite parenthèse. Medellín, comme toutes les villes de Colombie, est assez sale, avec beaucoup de déchets par terre. La pauvreté est omniprésente, beaucoup de sans domiciles à moitié nus fouillent les poubelles et la ville est entourée de bidonvilles. Par contre, le métro est nickel ! Pas un papier, pas un chewing-gum, pas un mégot, pas un graffiti et aucun problème de sécurité.

metro medellin

En fait, la métropole a connu de grands chantiers pour améliorer la sécurité et faciliter les échanges entre ses différents quartiers. Et cela est notamment passé par la réalisation du métro aérien, relié lui-même à des téléphériques qu’on prend directement sans sortir des stations, puis à des escalators extérieurs. Ainsi, alors qu’il fallait avant plus de 2h pour rejoindre le centre, quand on habitait dans les favelas (terme brésilien, mais dans les faits, c’est pareil…), on peut maintenant prendre le téléphérique, le métro et/ou le bus avec le même ticket, en 20 minutes. Les habitants sont très reconnaissants et en prennent donc grand soin : sur certains toits, on voit même des messages de remerciement au maire.

telepherique medellin

Bref, commençons la visite. Je descends donc du métro et me balade au jardin botanique, histoire de faire un peu la transition entre nature et béton (si tu ne le sais pas, je suis plutôt branché verdure et calme que grisaille et boucan).

jungle colombie

Un petit coin de jungle au milieu du béton

Comme à Central Park à New York, c’est un petit poumon dans la ville. On y voit maints arbres et plantes, on y croise des iguanes et des papillons.

papillon medellin iguane tortue iguane colombie

L’après-midi, je déambule dans un cimetière-musée très inhabituel. Pourquoi musée ? Parce qu’il est rempli de sculptures, monuments et mausolées en marbre et en bronze. Par moments, on se croirait sur une map de jeu vidéo.

cimetiere medellin

Je me rends ensuite sur la place Botero, qui tire son nom d’un artiste très renommé en Colombie (et mort seulement 4 mois avant ma visite). La particularité de son style réside dans ses personnages aux formes très rondes et voluptueuses.

botero medellin botero place

Pour en apprendre davantage sur l’histoire des narcotrafiquants et de tout ce qui l’entoure, je visite le Museo Casa de la Memoria, très interactif. En réalité, il s’agit davantage d’un lieu de mémoire pour les victimes qu’un véritable musée : on y vient pour avoir accès à de nombreux documents numérisés, mais les photos, vidéos, témoignages audio et expositions permettent de se rendre compte des dégâts qu’ont causé à la fois la cocaïne mais aussi la lutte anti-drogue.

musee memoire

Un Uber plus tard, je remonte à pied l’avenue 70 à Laureles, connue pour être l’épicentre des hôtels et restaurants pour touristes à Medellín. Je vois alors sur un poteau une affiche “Recherchés” avec deux portraits de criminels.

recherche colombie

Puis j’entends des coups de feu en rafale et des explosions, plus loin dans la rue ! La réalité me rattrape : Medellín est connue pour être la ville la plus dangereuse du monde !

Malgré tout, je continue de marcher et finalement me retrouve…au milieu de centaines de supporters de foot, célébrant…leur défaite ! Eh oui, l’imagination parfois…les coups de feu n’étaient que des feux d’artifices…et l’affiche avec les criminels, une pub pour un album de rap ! Medellín ÉTAIT connue pour être la ville la plus dangereuse du monde, désormais, c’est autre chose !

football colombie

Pour voir de mes propres yeux cette transformation, je pars le lendemain visiter la Comuna 13, halte désormais obligatoire pour les voyageurs en visite à Medellín. Il s’agit d’un quartier défavorisé, anciennement lieu de guerres des gangs, qui aujourd’hui est devenue un pôle artistique. Pour s’y déplacer, il est recommandé de prendre un guide car c’est un vrai labyrinthe : il n’y a pas de rue, pas de voiture, seulement des chemins et escaliers dérobés, passant parfois à l’intérieur des maisons ou des magasins. On peut passer soit par une agence, soit par un Free Walking Tour, un tour gratuit où l’on donne le pourboire que l’on veut, à la fin (c’est l’option que j’ai choisi).

comuna 13

La guide a grandi ici et nous raconte les règlements de comptes, les fusillades et sa vie dans ce contexte : comment elle se réfugiait chez des inconnus quand les balles fusaient, comment elle ramassait les douilles pour sa collection, sans se douter que les tirs avaient probablement causé la mort d’autres personnes

Toboggan medellin

Quelque chose qui n’aurait même pas été imaginable il y a quelques années…

chaussures quartier

A l’époque, les quartiers étaient divisés entre les gangs et circuler au mauvais endroit était synonyme de mort. Alors on marquait les frontières avec des chaussures accrochées car elles bougeaient régulièrement…

La visite est ponctuée d’arrêts pour voir des artistes et visiter des boutiques, galeries d’art et autres dégustations de café. Ce n’est pas trop mon style de visite, mais cela permet de voir que les jeunes ont à cœur d’améliorer la vie de leur quartier par l’art plutôt que le deal de drogue.

fresque comuna-13

Je visite ensuite Pueblito Paisa, en haut d’une grande colline, qui reconstitue un village traditionnel. Honnêtement, on peut s’en passer, surtout si comme moi, tu as déjà visité de réels villages traditionnels (Filandia, Salento, Jardín…).

pueblito paisa

Petit détour par le marché couvert de Plaza Minorista, puis je traverse à pied des quartiers un peu craignos jusqu’au Parque Berrio, vraie fourmilière où je m’arrête écouter un groupe de quatre chanteurs-guitaristes (d’ailleurs j’ai complètement zappé de les mettre dans ma vidéo, je ne sais pas pourquoi…dommage).

marche medellin

guitaristes colombie

En ce troisième jour, je fais un autre Free Walking Tour, dans le centre-ville. Cette fois pas de multiples arrêts dans des boutiques, le guide nous fait même l’historique complet du pays, avec la prouesse de ne jamais mentionner le nom de Pablo Escobar (auquel il fera référence à de multiples reprises, mais sans prononcer son nom).

centre medellin

place lumiere

Cette place était très malfamée, du coup ils ont mis plein de poteaux lumineux et paf !

centre commercial medellin

En arrivant sur la place Botero, on entend de la musique et là…on tombe sur une déambulation indigène, de la communauté Inga.

inga colombie

C’est un groupe Quechua, proche des Incas, et qui vit au sud de la Colombie. Le guide a fait ce tour plus de 1000 fois et n’était jamais tombé sur une telle manifestation : coup de bol !

homme inga

explosion medellin

Reste d’une œuvre d’art touchée par l’explosion d’une bombe lors d’un concert en 1995

Une fois le tour terminé, je file vers le nord, prendre un téléphérique, pour l’expérience, puis je tente de visiter Moravia.

En théorie, c’était auparavant une décharge publique, où vivaient 15 000 personnes, mais qui a connu une transformation. Le lieu est alors devenu un symbole de renouveau, avec la création de jardins et de pépinières, ce qui a motivé ma visite étant moi-même en train de concevoir une petite forêt comestible sur mon terrain.

En pratique...je me suis retrouvé à traverser un bidonville plein de déchets, où les malheureux habitants ont dû se demander ce que je faisais là. Pas de jardins, pas de fleurs, mais de la caillasse et des ordures. Pourtant, quand je regarde sur le net des photos d’il y a seulement 2 ans, je vois bien que je ne me suis pas trompé d’endroit, les panneaux sont les mêmes…donc je ne comprends pas ce qui s’est passé.

moravia medellin

Pour terminer la journée, je m’en vais voir le Mémorial Escobar. Eh oui, même si ce célèbre criminel a causé la mort de milliers de personnes, certains habitants lui sont reconnaissants car il a utilisé une partie de sa fortune pour bâtir des logements, des écoles, des hôpitaux et des infrastructures pour les pauvres. C’est réellement une figure très controversée dans le pays, et il existe même des tours organisés pour visiter les lieux emblématiques de sa vie. Personnellement, je trouve ça un peu malsain, surtout quand c’est son frère qui tient les rênes et qu’on peut se prendre en photo avec un sosie du trafiquant, les armes à la main…

Mais le Mémorial que je suis venu voir est simplement constitué d’une grande fresque et d’une pièce où sont exposées des dizaines de photos et coupures de presse, sans parti pris.

memorial escobar

pablo simpson

Allez, je termine cet article en parlant de Guatapé, car je ne voudrais pas faire un article entier sur ce village. Il se situe à 2h de bus de Medellín et sa particularité, c’est un immense rocher, sortant de terre et s’élevant à 220m. Un escalier permet d’y grimper (et quelle grimpée : plus de 700 marches depuis le bas) et d’admirer la vue sur le lac artificiel, constellé d’une myriade d’îlots.

guatape rocher

Piedra del Peñol

el penol

Le t-shirt est trempé de sueur une fois arrivé en haut…

escalier guatape lac guatape

Le village vaut également le coup d’œil, toujours coloré, comme partout, et un peu en mode Disneyland, mais très sympathique. Je croise un couple de français avec qui je déjeune…dans une crêperie bretonne !

guatape colombie guatape fontaine galette bretonne

Un petit détail original : aujourd’hui c’est le Mercredi des Cendres et pas mal de gens ont une croix dessinée sur le front : l’Amérique Latine reste très ancrée dans le catholicisme.

Pour le prochain article, on file au nord du pays visiter le Parc Tayrona !

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