Du désert de la Tatacoa à Filandia, Colombie
Ce second jour de voyage commence lui aussi de manière un peu galère, puisque j’ai appris à mes dépends qu’à Bogotá existe une…journée sans voiture ! Pratique ça, pour les voyageurs, surtout quand on est à 10km du terminal de bus. Bon dans les faits, ça veut dire que tous les particuliers (et les Uber) ne peuvent pas rouler, et que les gens dépendent donc uniquement des taxis officiels. Ce qui signifie que les taxis font face à une demande supérieure à l’offre et qu’il faut donc attendre. Au bout de 20 minutes, un taxi accepte ma demande sur l’application, puis l’annule. 40 minutes d’attente plus tard, un autre valide aussi la course…et je le vois partir avec un autre passager que moi, au bout de la rue ! Et le compteur commence à monter sur l’application : je me fais facturer une course sans être dans le véhicule !
Bref, je zappe la suite, au bout d’une heure et demi, je suis à la gare routière et c’est parti pour l’étape suivante : Neiva (5h de bus, 340km), puis Villavieja (1h de Jeep, 37km). Dans cette dernière, je rencontre Stéphane, puis arrivé à mon petit hôtel, Dominique et Alain, un couple retraité. Nous formons tous les quatre un groupe et réservons une excursion, avec guide et chauffeur, pour le désert, le lendemain.
[Parenthèse dans le récit]
La nuit est absolument horrible. Je vais l’expliquer une seule fois, car ce sera constamment le cas, chaque nuit, peu importe où je serai, mais il y a une chose à savoir :
La Colombie est le pays le plus BRUYANT dans lequel j’ai été !
Si tu me connais, tu sais que le bruit et moi…ça fait pas bon ménage. On parle d’un gars qui est allé s’exiler au fin fond de la campagne, exprès sur un grand terrain, pour ne plus subir en appartement les bruits des voisins…de ses voisins. C’est dire mon hypersensibilité : le moindre tic-tac, la moindre respiration m’empêche de dormir.
Sauf qu’en Colombie, on ne parle pas de ça. Quand je dis que c’est bruyant, c’est parce que la coutume locale est de sortir les amplis dehors et de mettre la musique à pleine balle jour et nuit (TOUTE la nuit). On sort les chaises et les tables, on discute fort jusqu’à pas d’heure, les motos pétaradent, les voitures et camions klaxonnent à 3h du mat’ et mettent le son à fond, les chiens aboient sans discontinuer (je suis sûr qu’ils sont de mèche !). On ajoute à ça que les chambres n’ont pas de vitres, ou avec des lames mobiles qui ne coupent pas du tout le bruit. L’isolation des murs est inexistante donc on entend les voisins s’enguleuler (je crois que j’ai même eu droit à une descente de police un soir, dans la chambre d’à côté).
Bref, chaleur (35-40°C) + bruit, c’est ce que je préfère (ironie).
Allez, cette parenthèse est bouclée, mais garde bien ça à l’esprit, car ce sera toutes les nuits comme ça (la température fluctuant cependant selon l’altitude). Donc clairement, la Colombie est le pays qui m’aura le plus épuisé, car les journées étaient bien remplies, mais la nuit ne me permettait pas de récupérer.
[Fin de parenthèse]
On passe à la suite : le matin, on grimpe dans une voiture bien défoncée, et on roule jusqu’à la partie grise du désert. Aujourd’hui, il fait un temps couvert, ce qui rend la visite plus agréable (seulement 30 degrés au lieu des 40 habituels), même si pour les photos c’est forcément moins joli.
La rando dans cette partie est jolie, on rencontre des animaux, on observe des troncs d’arbre pétrifiés, on goûte les petits fruits de cactus, on découvre de la sève odorante sur un arbre (qui restera collée à mes doigts pendant des heures, ahah)…
Notre chauffeur s’arrête une seconde pour faire coucou à un ami, qui se trouve être le premier producteur de Colombie de produits alimentaires et cosmétiques à partir de cactus, alors on en profite pour descendre et en apprendre plus sur son activité.
On fait ensuite une halte dans une piscine, construite en plein désert. On est quasiment seuls, donc c’est très agréable, avec la chaleur qu’il fait.
Puis on s’arrête manger dans un restaurant où on déguste de la chèvre (avec le troupeau qui nous regarde avec horreur, juste à côté).
Et là, se produit quelque chose qui n’est censé arriver que deux jours par an : la pluie ! Pas de bol, ça va nous empêcher de faire la randonnée de l’après-midi dans la partie rouge du désert (à cause de la boue). Avant d’y arriver, on passe par d’autres décors, qui font penser aux paysages d’Islande.
Heureusement, la pluie s’arrêtera quand même un moment, ce qui me permettra de faire quelques plans au drone (parmi les plus beaux de ma vie).
Le lendemain, je prends la route pour Filandia, en passant par Neiva, Ibagué et Armenia (360km mais ça me prendra toute la journée). J’arrive dans un village traditionnel, aux maisons colorées, mais saturé de touristes (colombiens et étrangers).
De nombreuses Jeep Willys sont garées sur la place : c’est le moyen de transport en commun local.
Après une nuit qui aurait pu être pire, c’est dimanche et tout est fermé. Il pleut et j’avais prévu d’aller dans le parc du Barbas-Bremen, où l’on peut voir des singes hurleurs. Hélas, n’ayant pas trouvé d’agence ou de guide, et malgré la mise en garde d’une guide rencontrée par hasard (qui a déjà autre chose de prévu), je pars à pied en direction du parc, en espérant trouver un groupe ou un guide sur place. Bon, je ne trouverai au final jamais l’entrée, mais la balade fut sympa, bien qu’humide : prairies, jungle, ça descend très raide jusqu’à une rivière, un morceau de la route s’étant même effondré.
Au bout d’un moment, je comprends que ce n’est pas vraiment l’endroit recherché (même si je suis plus ou moins dans le parc, ce n’est pas ici que je verrai des singes). Et comme sur le trajet, j’ai croisé pas mal de chiens qui m’ont fait comprendre que je n’étais pas le bienvenu, je n’ai pas trop envie de refaire le même chemin en sens inverse. Mais si je continue par ce chemin à pied, je vais mettre 15h à rentrer.
Je passe alors à côté d’une maison et demande de l’aide à la famille qui appelle gentiment un tuktuk pour moi et m’offre un café en attendant. Le tuktuk m’emmène jusqu’à Arabia, puis je prends une Jeep Willys pour La India et enfin Filandia. (D’ailleurs c’est marrant, beaucoup de patelins du coin ont un nom hispanisé de lieu étranger : Alsacia, La Florida, Barcelona, Canaan, Cuba, El Japon, Pensilvania, Argentina, La China…
Au déjeuner, je commande le plat traditionnel local, le “Bandeja Paisa“, qui n’est ni plus ni moins qu’un ensemble de plein de trucs qui n’ont normalement pas grand-chose à faire ensemble : des haricots rouges dans leur jus, de la viande de bœuf, du riz, du porc (surtout du gras), un oeuf, de l’avocat, des galettes de banane plantain, d’autres de maïs et une saucisse. Autant dire que le soir, je n’ai pas mangé.
L’après-midi, je me rends au mirador, sur une colline plus loin, mais il est en travaux. Après un petit vol en drone, je rentre me coucher.
Demain, si tout va bien, je file pour la vallée de Cocora, l’un des points forts de mon voyage !
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Commentaires
3 commentaires
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Philippe
Le 07/03/2024 à 18:59
Eh beh mon pauvre, que de péripéties !
Surtout la nuit quelle horreur de ne pas dormir, j’aurai pété un câble.
Et en même temps ça me fait rire qu’après avoir eu du bruit toute la nuit tu veux trouver des singes hurleurs en journée. Franchement, t’en as pas eu assez ?! XD
Les photos du désert sont magnifiques. Le contraste du vert et de l’orange, ces strates et ce relief avec ces “plissures” de la terre…
“El Japon” XD.
Merci encore pour le partage, avec tous les efforts pour écrire ces articles bien écrits et ces belles vidéos qui nous font voyager de notre fauteuil.
Hâte de lire la suite !
Morgan (Un tour du monde)
Le 08/03/2024 à 10:42
Ahahah, je n’y avais pas pensé aux singes hurleurs, effectivement. C’était le début du voyage, il me restait encore des forces.
Merci beaucoup pour ce commentaire et ces compliments 🙂
BSY
Le 11/03/2024 à 10:10
Toujours d’aussi belles photos et prises de vue et bien écrit.