11 – 虎跳峡 Les Gorges du Saut du Tigre, Chine

Exceptionnellement, cet article concerne non pas une, mais deux journées, car il traite d’un trek que j’ai fait durant deux jours.

Après avoir roulé pendant environ deux heures, depuis Lijiang, le bus s’arrête quelques minutes pour permettre aux gens d’aller aux toilettes. Cela me surprend un peu, car le trajet est censé durer justement un peu plus de deux heures, et d’habitude, la pause est plutôt à mi-chemin. Il repart…et après un instant d’hésitation, je demande à quelqu’un dans le bus si on ne serait pas arrivé à Qiaotou…au cas où. Il me répond que oui.

Je lui demande alors pourquoi le bus continue, puisqu’il est censé être terminus ici. En fait, le bus continue jusqu’à Shangri-la ! Petit moment de pression, mais ça va, je descends seulement 500 mètres plus loin.

Je trouve rapidement ma guesthouse, et avant même de poser mon sac, deux hollandais d’un certain âge m’abordent. Après deux minutes de conversation, je leur propose de me joindre à eux pour le trek, puisqu’ils ont le même plan que moi. Nous mangeons ensuite ensemble et nous donnons rendez-vous le lendemain matin à 8h pour prendre un petit-déj’ avant d’entamer l’aventure.

Et quelle aventure ce fut ! Si j’avais su que le parcours serait si difficile…honnêtement, je ne crois pas que je l’aurais fait. C’était probablement le truc le plus crevant que j’ai fait de toute ma vie... Les guides que j’ai lu mettaient en garde sur la difficulté du trek…je confirme volontiers. En fait, les Gorges du Saut du Tigre forment un canyon sur le fleuve Yangzi…et ce sont les plus profondes au monde ! En effet, elles passent entre deux sommets qui culminent à 5596m et 5396m. Le paysage est époustouflant, et pour en profiter, deux choix : prendre un bus et se faire déposer…ou faire un trek de un ou deux jours. Histoire de faire les choses à fond, j’ai choisi de faire le trek de deux jours.

Qiaotou, vue du départ du trek

Avant d’entamer le périple, je pensais qu’il faudrait monter un moment, puis que le chemin serait relativement plat avant de redescendre à la fin. Eh bien, j’avais tort ! Car du plat, il n’y en a pas eu beaucoup. Des montées impitoyables sur des chemins de rochers, de pierres brisées, de sable…rendant chaque pas difficile, voire dangereux par moments. Car effectivement, le trek a son lot de frayeurs : lorsqu’on doit avancer debout ou à quatre pattes avec quelques centaines de mètres de vide sur le côté, il ne faut vraiment pas avoir le vertige ! Et quand on ajoute à ça une rivière qui barre le chemin…ce n’en est que plus effrayant.

J’étais trop fatigué pour prendre des photos des VRAIES montées, mais bon…

Un passage vraiment ardu est appelé les “28 tournants“. Ce ne sont pas les virages qui sont difficiles…c’est juste que c’est de la montée, uniquement de la montée, pendant près de deux heures. Et la descente n’est pas tellement plus facile.

En fait, quand on grimpe, c’est le souffle qui manque, mais quand on descend, ce sont les pieds, les talons et les genoux qui en prennent pour leur grade ! J’en ai bavé…mais j’en ai bavé !

Première matinée de marche

C’est haut, hein ?

Heureusement pour compenser, le paysage était vraiment grandiose, et le trio que nous avons formé peut être fier ! Des différents groupes qui sont partis de Qiaotou, nous sommes ceux qui avons mis le moins de temps pour atteindre la guesthouse “Half-Way” (“Mi-chemin”), l’étape qui marque la fin de la première journée de marche. Sans compter les pauses, nous avons mis 5 heures pour arriver ici. Mais des pauses, nous n’en avons pas pris beaucoup. Car Thom et Renée, les deux sexagénaires qui ont marché à mes côtés, ont l’air bien entraînés et ont pour devise “marcher lentement mais de manière régulière”…donc le matin, nous avons eu droit à une vingtaine de minutes de pause, et une heure le midi… Mais pas de petites pauses de 2-3 minutes à part ça ! Du non-stop !

Vue depuis notre pause-déjeuner, à la Naxi Family Guesthouse

Quelques clichés de l’après-midi du premier jour

C’est difficile de voir la profondeur et l’étendue des paysages sur des photos…

Vue depuis la terrasse de Half-Way Guesthouse

Bref, arrivés à la guesthouse où nous avons dormi, nous avons pu nous détendre un peu et manger en très bonne compagnie. C’est là que je ne regrette pas d’être parti seul, malgré l’appréhension que j’avais. A la table, nous avions un italien, une australienne, un taïwanais, deux hollandais, deux allemands et moi, le p’tit français !

Renée et Thom, mes compagnons de marche : un couple infatiguable !

Le lendemain, nous avons deux heures de marche jusqu’à Tina’s Guesthouse, et ensuite pour les plus courageux,  il est possible de descendre tout en bas des gorges pour voir le fameux Rocher du Saut du Tigre. Puis il faudra remonter le canyon et ce sera terminé. Pour la petite histoire, ces gorges portent ce nom car un tigre, poursuivi par un chasseur, aurait sauté à l’endroit le plus étroit des gorges pour lui échapper (25-30 mètres quand même, ça fait du bon saut !).

J’avoue avoir profité davantage de cette seconde journée de marche, car la majeure partie du tracé est relativement plat, ce qui permet un peu plus de regarder le paysage plutôt que ses pieds. Mais c’est aussi cette journée qui m’aura fait le plus peur. Il y avait des passages vraiment flippants où le moindre faux pas peut être fatal.

Second jour de marche

Après un repas à la Tina’s Guesthouse, sur les cinq qui l’ont atteint, seuls trois veulent descendre en bas des gorges : notre trio. Et j’en fais partie bien évidemment ! La descente est vraiment très raide. Contrairement au reste du trek, les locaux ont ici taillé des marches pour descendre. Enfin…des marches…ça y ressemble quoi. Après une vingtaine de minutes, Renée renonce à aller plus loin…c’est vraiment abrupte et chaque pas vers le bas sera bien plus dur à faire dans l’autre sens. Une vingtaine de minutes plus tard, c’est Thom qui décide d’arrêter là, non par fatigue, mais parce que nous avons acheté un billet de bus, et qu’il ne faut pas le rater.

De mon côté, j’estime que c’est jouable : je ne veux pas renoncer si près du but ! J’en ai bavé comme pas possible pendant deux jours pour voir ces gorges et ce fameux rocher, je veux aller au bout !!!

Je poursuis donc le chemin seul, jusqu’en bas, où je me trompe de chemin et me retrouve à devoir passer sous des rochers, et à me frayer une route à quatre pattes. Cela me permettra toutefois de m’affranchir du droit de passage : “ce pont, c’est ma famille qui l’a fait”. Je trouve un passage qui me va très bien pour voir les flots gratuitement de plus près. Une petite photo pour prouver ma bravoure (roooh bah quand même !), et après deux minutes chrono de pause, j’entame la remontée…et là c’est le drame. Non, rien de grave ne m’est arrivé…j’ai juste eu l’impression de…non, je ne saurais même pas exprimer l’extrême fatigue et la douleur en fait…j’ai pris cher !!!

J’y suis !

Petite pancarte qui montre la difficulté de la remontée

 

Du coup, quand j’ai vu une échelle, je me suis dit que ce serait plus court que de monter trois-quatre lacets de chemin. Ouais…sauf que là, j’ai eu la trouille de ma vie ! Comme tous ceux qui sont montés dessus en fait. J’ai compté 54 échelons. Chacun fait une quarantaine de centimètres…donc on doit bien atteindre les vingt mètres d’échelle !

Et puis bon, c’est de l’échelle chinoise hein…ils n’ont pas les mêmes normes de sécurité que chez nous ! Quelle inconscience m’a poussé à grimper là-dessus ?

D’en bas, ça paraissait bien plus simple…mais quand on doit grimper un à un les échelons, en attendant parfois que la personne au-dessus surmonte sa peur pour lui aussi monter un peu plus...je suis arrivé en haut tout tremblant. Mais lorsque des applaudissements vous accueillent au sommet, et en voyant la tête des suivants…on se dit qu’effectivement, ce n’était pas une plaisanterie ce truc.

Et je t’assure que vu d’en bas, ce n’est rien !

La remontée n’est pas terminée pour autant. Tout le long du chemin, des locaux offrent un coin d’ombre et vendent à boire, à manger, à…hein ? Du cannabis ? Ah bon…normal.  Durant l’ascension, je croise trois français avec qui je vais rester une quinzaine de minutes une fois le sommet des gorges – abominablement difficilement – atteint. Enfin ! C’est terminé ! Je peux mourir maintenant, c’est bon ?

Allez…j’ai mis deux heures pour faire l’aller-retour…je suis donc largement dans les temps pour le bus. Shangri-la, me voilà !

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