Une première journée éprouvante à Bogotá, Colombie
Si tu me suis depuis un moment, tu sais que je pars souvent sur un coup de tête. Cette fois-ci n’a pas manqué. Depuis quelques années, je rénove une maisonnette en pleine campagne sur un grand terrain, dans un projet d’autonomie. Forcément, tout mon budget part dans le chantier et les voyages se sont fait plus rares, ou moins lointains.
C’est donc lors d’un gros ras-le-bol que j’ai décidé de reprendre mon sac à dos et de filer…en Colombie ! Ça faisait quelques années que j’entendais du bien de ce pays de la part d’autres routards, alors pourquoi pas. Mon dernier (et seul) voyage en Amérique du Sud remontait à 2016, et si le pays qui m’attire le plus sur ce continent demeure le Chili, le budget est pour le moment insuffisant pour y aller, donc cette fois ce sera la Colombie. Départ une semaine après l’achat du billet d’avion, histoire d’avoir le temps de préparer un semblant d’itinéraire. Je pensais en profiter pour visiter également l’Equateur, mais une guerre civile a éclaté pile quand je me renseignais, donc c’est foutu.
Un peu de contexte, si tu te demandes où en est la sécurité en Colombie, car on ne va pas se le cacher, à part les cartels de drogue, Pablo Escobar et les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), on ne sait pas grand-chose et on a rarement des actualités qui proviennent de ce pays.
D’une manière générale, on lit un peu partout que la Colombie est plus sûre qu’avant. C’est vrai, les gouvernements successifs ont lutté contre les cartels et les guérilleros, et notamment signé des accords avec les FARC. De ce point de vue-là, même si des conflits existent toujours, il y a une nette amélioration.
Cependant, la Colombie reste le pays le plus dangereux du continent américain, selon le Global Peace Index 2023 (classement mondial 144ème sur 163).
Donc la Colombie est plus sûre qu’avant, mais ça ne veut pas dire qu’elle est sûre, tout court.
Outre les conflits armés, il existe une réelle criminalité, présente surtout en ville, et il convient de faire attention. L’expression locale “No dar papaya“, qui veut dire littéralement “ne pas donner la papaye”, signifie qu’il faut faire attention de ne pas montrer ses objets de valeur, pour ne pas tenter les voleurs. Clairement, j’ai eu quelques frayeurs, que tu pourras lire plus loin, et même si j’ai pu rentrer sans encombres, sur le moment, on ne sait pas si ça se terminera bien ou non…
Malgré tout, les paysages dénichés sur Internet m’ont vraiment donné envie d’aller y faire un tour, et même si j’ai lu des retours d’expérience un peu flippants à base de braquages et de coups de couteaux les quelques jours avant mon départ, maintenant c’est trop tard, le billet est acheté. Ma principale crainte pour le moment, c’est que le vol soit annulé car des incendies font rage ces derniers jours tout autour de Bogotá, à quelques centaines de mètres des habitations.
Au final, mon vol est maintenu, alors sans plus tarder, voici le récit de mon périple…je te préviens, ça a probablement été mon voyage le plus éprouvant.
Aéroport international oblige, mon périple a commencé à Bogotá, capitale du pays. On lit partout que le meilleur choix, c’est de se loger dans La Candelaria, centre historique de la ville. Evidemment, comme je m’y prends à la dernière minute et que j’ai toujours un budget très serré, les chambres encore disponibles me sont inaccessibles et je décide de loger “pas très loin” sur la carte. Sauf que dans les faits, j’étais à 4km, dans un quartier pas du tout rassurant et bien crade, mais je m’étais dit lors de la réservation que je pourrais faire appel à Uber (très utilisé dans le pays) pour me déplacer. L’idée n’était pas mauvaise en soi, c’est juste que le premier jour, je n’ai pas de carte SIM locale donc pas moyen d’utiliser l’application. Et j’ai lu qu’il n’était pas recommandé de prendre un taxi à la volée dans la rue (dans le meilleur des cas on se fait arnaquer, dans le pire c’est braquage ou kidnapping), donc on va éviter, d’autant que j’ai déjà pu expérimenter l’option “arnaque” sur le trajet depuis l’aéroport le soir de mon arrivée.
Je pars donc à pied malgré ma réticence, pas le choix. Pour éviter d’avoir à sortir mon téléphone, j’ai griffoné un plan sur mon carnet. Contrairement aux autres voyages où j’ai une sacoche en bandoulière pour mon appareil photo, je voyage cette fois-ci avec un sac à dos. Moins pratique mais plus discret et sûr. Allez, c’est parti !
C’est la peur au ventre que je fais ces 4km. Evidemment, je n’ai aucune photo de ce quartier…avec ma bonne tête de touriste, c’est trop risqué de sortir l’appareil. Partout des clochards, des déchets, des chiens errants, les trottoirs défoncés, les maisons barricadées. Quand je vois que mon chemin m’amène à passer dans un tunnel sombre, c’est mort, je fais demi-tour et me rajoute un détour de 10 minutes.
Finalement, après une heure de marche, j’arrive à la Candelaria. Changement d’ambiance, le quartier est bouclé par de grandes barrières, des véhicules blindés, des militaires surarmés… Je vois débarquer d’un camion les gardes d’une milice privée plus armurés que nos CRS. Bienvenue en Colombie !
Bon, au moins dans le quartier, c’est sûr…la journée. Je commence ma visite par la place de Bolivar.
Je file ensuite faire la balade recommandée dans mon guide papier (Lonely Planet, mais ne le prends pas, la nouvelle édition est naze). Je découvre alors des ruelles de bâtisses colorées et de superbes fresques. Il est encore tôt, les rues sont quasi désertes, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Je visite le musée militaire, gratuit, et m’arrête manger dans le plus vieux restaurant de Colombie (200 ans d’histoire). C’est juste dommage que les recettes n’aient pas changé depuis, parce que c’est franchement pas bon ! Ahah. C’est un genre de pâte de maïs avec de la viande et du gras de poulet, tout mélangé et compacté, servi dans des feuilles de bananier. (Je sais que cet article ne vend pas du rêve et que je dis pas mal de choses négatives, mais sois patient, j’ai vraiment de belles choses à te montrer dans les prochains).
Je visite ensuite le Musée de l’Or, véritable institution locale. Avec l’audioguide, il est intéressant, bien que pas mal répétitif (il y a de nombreuses fois les mêmes pièces), mais il vaut la visite.
Je me dirige ensuite vers le Cerro de Monserrate (3152m d’altitude, eh oui, c’est la Cordillère des Andes), une colline qui surplombe Bogotá (2625m d’altitude). Sur la route, je rencontre par hasard un couple de français que j’ai déjà croisé durant l’escale à Madrid, et nous passerons une partie de l’après-midi ensemble. Pour monter, trois options : à pied (mais c’est dangereux, ici encore, des braquages ont été signalés), en téléphérique ou en funiculaire. J’aurais aimé prendre le funiculaire mais il est en panne, donc ce sera téléphérique.
Pas de traces des incendies, ils ont été éteints.
De retour en bas, on boit une limonade et on se sépare car un orage vient d’éclater. De mon côté, je cherche une agence locale afin de faire un tour le lendemain, combinant la Cathédrale de sel de Zipaquirá et la lagune de Guatavita, lieu mythique qui a donné naissance à la légende de l’El Dorado. Hélas, contrairement à la plupart des pays que j’ai visités…pas moyen de trouver une agence, un bar ou une guesthouse proposant des excursions ! Généralement, on voit des posters des lieux à visiter avec les prix des excursions, mais ici, rien du tout. Le tourisme étant relativement récent, certaines facettes sont encore absentes. Je suis contraint de renoncer à visiter ces deux endroits, car le trajet est vraiment trop long et trop compliqué par les transports en commun…dommage.
La journée s’achève, j’ai marché entre 15 et 20km, avec 6h de décalage horaire, une courte nuit, et le tout en altitude, je suis crevé, maintenant il va falloir rentrer dormir. J’ai pu m’acheter une carte SIM locale, je vais donc pouvoir faire appel à Uber ! Non ? Pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi personne n’accepte de me prendre ? Peut-être que je ne suis pas à un endroit facile d’accès, et qu’en allant par là-bas, plus près de l’axe principal, ce sera plus simple ? Allez, je me mets en route. Okay, l’ambiance change…je quitte la Candelaria, j’arrive dans des rues avec des sexshops, des prostituées, il y a nettement plus de monde, ça se bouscule. Je continue…la foule a disparu, maintenant c’est des vendeurs de rue en pagaille…puis des dizaines de sans abris à moitié nus qui vendent des bricoles par terre, l’ambiance est super tendue, je n’ai rien à faire là…et toujours aucun chauffeur qui veut me prendre. Qu’est-ce que je fous là ? Désespéré, je tente de demander à des taxis, mais ils sont déjà tous réservés.
La nuit tombe. Je suis en danger. Même la personne qui me loge m’a prévenu de ne pas rester dehors la nuit.
Tant pis, je fonce me réfugier dans un restaurant, au moins à l’intérieur je serai en sécurité. Ma batterie de téléphone descend à vue d’oeil et j’ai oublié ma batterie externe…plus que 10% et toujours aucun chauffeur. Je tente l’option moto-taxi…et littéralement deux secondes avant que mon téléphone ne s’éteigne, je reçois ENFIN la validation de l’application, après 3h d’attente. Le retour est mouvementé, je suis épuisé, mais vivant et entier. Ouf.
Demain, changement d’ambiance, je pars pour le désert de la Tatacoa !
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2 commentaires
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Félicia
Le 04/03/2024 à 10:45
Coucou Morgan
Merci beaucoup pour ce partage !
C’est tellement gentil de prendre le temps d’écrire et de décrire les lieux et sentiments que tu traverses.
Sois prudent
Au plaisir de te lire encore
Morgan (Un tour du monde)
Le 08/03/2024 à 10:45
Salut Félicia, ça fait plaisir de voir un commentaire de ta part !
Avec grand plaisir, c’est sûr que c’est pas mal de boulot de tenir le blog, surtout de monter les vidéos (d’où le retard sur pas mal de voyages), mais si ça peut donner envie à d’autres personnes de partir à l’aventure, j’ai gagné. Et en même temps, ça me sert de journal de voyage, où je peux revenir de temps en temps, me replonger dans les souvenirs…